La neuropathie périphérique touche les nerfs qui relient le cerveau et la moelle épinière au reste du corps. Picotements, brûlures, engourdissements, perte d’équilibre ou faiblesse musculaire peuvent s’installer et perturber le quotidien. La bonne nouvelle, c’est qu’une partie des cas s’améliore, parfois largement, quand la cause est identifiée et prise en charge. Cet article fait le point, avec des conseils concrets pour agir dès maintenant.
💡 À retenir
- Oui, parfois. Si la cause est réversible ou traitée tôt, une récupération nerveuse est possible; d’autres formes restent chroniques mais se contrôlent bien avec une prise en charge adaptée.
- Environ 20 millions de personnes aux États-Unis souffrent de neuropathie périphérique.
- Les traitements varient en fonction de la cause sous-jacente.
- Des études montrent que des changements de mode de vie peuvent améliorer les symptômes.
Qu’est-ce que la neuropathie périphérique ?
La neuropathie périphérique correspond à un dysfonctionnement ou une lésion des nerfs en dehors du cerveau et de la moelle épinière. Elle peut toucher les nerfs sensitifs (douleur, toucher, température), moteurs (force, mouvements) et autonomes (pression artérielle, digestion, sudation). Les symptômes surviennent souvent de façon symétrique, en “chaussettes et gants”, à partir des pieds puis des mains.
On distingue plusieurs formes selon l’étendue et la nature des lésions. Une mononeuropathie touche un seul nerf, comme dans le syndrome du canal carpien. Une polyneuropathie affecte de nombreux nerfs en même temps, parfois avec atteinte des petites fibres responsables de la douleur et de la température. Certaines neuropathies sont axonales (atteinte de l’axe du nerf), d’autres démyélinisantes (gaine isolante abîmée), ce qui influence les traitements et le pronostic.
Causes de la neuropathie périphérique
La neuropathie périphérique peut avoir de multiples origines. Le diabète est la cause la plus fréquente, en particulier quand la glycémie est mal contrôlée depuis plusieurs années. L’alcool, les carences vitaminiques, notamment en vitamine B12, les maladies auto-immunes, certaines infections (comme Lyme ou le VIH), les maladies rénales ou thyroïdiennes, et des médicaments (certains traitements contre le cancer) sont concernés. Des formes héréditaires existent, par exemple la maladie de Charcot‑Marie‑Tooth.
Les compressions nerveuses provoquent des atteintes localisées. Un canal carpien serré, une hernie discale irritant la racine nerveuse ou des appuis répétés au niveau du coude peuvent déclencher douleur, fourmillements et faiblesse. Parfois, aucune cause n’est retrouvée, on parle alors de neuropathie idiopathique.
Symptômes courants
Les personnes décrivent souvent des sensations de brûlure, de décharges électriques, d’aiguilles, ou au contraire un engourdissement avec impression de marcher sur du coton. La faiblesse musculaire, les crampes et une perte d’équilibre sont fréquentes, surtout la nuit ou en fin de journée. L’atteinte des fibres autonomes peut entraîner vertiges au lever, troubles digestifs, sueurs anormales ou dysfonctionnement sexuel. Ces signes varient en intensité de jour en jour.
Peut-on guérir d’une neuropathie périphérique ?
La guérison dépend de la cause, de l’étendue des lésions et de la rapidité de la prise en charge. Certaines neuropathies sont réversibles quand on corrige le facteur déclenchant. Une carence en B12, une hypothyroïdie, une compression nerveuse ou une infection traitée assez tôt peuvent permettre une récupération significative, parfois complète.
Dans la neuropathie liée au diabète, un meilleur contrôle glycémique peut stabiliser, réduire la douleur et, chez certaines personnes, entraîner une amélioration partielle de la sensibilité. Les nerfs peuvent repousser, lentement, à environ 1 mm/jour, ce qui explique pourquoi la récupération prend des mois. Plus la lésion est ancienne et étendue, plus l’amélioration est limitée.
Des neuropathies inflammatoires, comme le syndrome de Guillain‑Barré aigu, récupèrent souvent après un traitement approprié. D’autres formes, notamment certaines polyneuropathies axonales chroniques, restent persistantes mais peuvent être bien contrôlées grâce à des traitements multimodaux et une rééducation ciblée. Demander un avis médical tôt augmente les chances de récupération.
Traitements et solutions

Le plan de soin combine l’identification de la cause, la gestion de la douleur, la protection des nerfs et la rééducation fonctionnelle. Une approche graduée, personnalisée et suivie dans le temps est la plus efficace. Beaucoup de patients gagnent en confort avec un mélange de médicaments, d’exercices, d’adaptations du mode de vie et de techniques non médicamenteuses.
En pratique, une consultation permet d’évaluer les symptômes, d’examiner la sensibilité, la force et les réflexes, et de proposer des examens ciblés. Selon le cas, une prise de sang (B12, glycémie, fonction rénale, marqueurs inflammatoires), une étude de conduction nerveuse ou un test de sensibilité des petites fibres peuvent être utiles. L’objectif est d’orienter vers le traitement à plus fort bénéfice.
Options de traitement
Les médicaments visent surtout la douleur neuropathique et l’amélioration du sommeil. Ils n’agissent pas tous de la même façon et doivent être ajustés progressivement. Quelques options validées par les recommandations incluent :
- Antidépresseurs pour la douleur neuropathique comme la duloxétine ou l’amitriptyline, souvent utiles le soir si la douleur perturbe le sommeil.
- Anti‑épileptiques tels que la gabapentine ou la prégabaline, qui atténuent les décharges et les fourmillements.
- Traitements locaux: patchs de lidocaïne, crème de capsaïcine, parfois faciles à combiner avec d’autres approches.
- Prise en charge de la cause: supplémentation en B12 si carence, ajustement des traitements potentiellement neurotoxiques, chirurgie de décompression pour un canal carpien serré, immunothérapies (corticostéroïdes, IVIg) dans certaines neuropathies inflammatoires.
- Techniques non médicamenteuses: TENS (stimulation électrique transcutanée), physiothérapie, thérapies cognitives pour mieux gérer la douleur chronique.
Conseils concrets pour mieux tolérer les symptômes: porter des chaussures à semelle souple, éviter la pression prolongée sur les zones sensibles, préférer des chaussettes sans coutures, utiliser un surmatelas moelleux si les douleurs s’intensifient au contact. Programmer les prises médicamenteuses pour couvrir la nuit peut aider à rompre le cercle “douleur–insomnie–sensibilité accrue”.
Exercices et remèdes naturels
Le mouvement nourrit les nerfs et entretient la force. Commencer doucement, de façon régulière, est plus efficace que des efforts isolés. Quelques idées pour démarrer en sécurité, en adaptant l’intensité à votre niveau :
- Marche 10 à 20 minutes, 3 à 5 jours par semaine, en ajoutant 5 minutes toutes les 1 à 2 semaines.
- Équilibre: tenir 20 à 30 secondes en appui unipodal près d’un support stable, 3 répétitions de chaque côté.
- Renforcement doux: lever sur la pointe des pieds, 2 à 3 séries de 8 à 12 répétitions; flexions/extensions des chevilles avec une bande élastique.
- Souplesse: étirements des mollets et ischio‑jambiers 20 à 30 secondes, 2 à 3 fois, sans douleur vive.
- Auto‑massage/rouleau sous la voûte plantaire 2 à 3 minutes pour réduire la sensibilité du pied.
Des approches complémentaires peuvent soutenir la récupération, en coordination avec votre médecin. L’acupuncture montre un bénéfice modéré chez certains patients. L’acide alpha‑lipoïque, les oméga‑3, le magnésium en cas de crampes, et une supplémentation ciblée si une carence est avérée (notamment en B12) sont parfois proposés. Les crèmes de capsaïcine à faible dose réduisent l’hypersensibilité locale. Privilégiez des produits de qualité et vérifiez les interactions avec vos traitements.
Le sommeil et la gestion du stress influencent la douleur neuropathique. Fixer des horaires réguliers de coucher, limiter la lumière des écrans le soir, pratiquer des respirations lentes, la méditation ou la cohérence cardiaque diminue la réactivité au signal douloureux et améliore l’énergie diurne.
Prévenir la neuropathie périphérique
Prévenir ou freiner la neuropathie périphérique repose sur la prise en charge des facteurs de risque et la protection des nerfs au quotidien. La prévention commence souvent par de petits ajustements, cumulés dans le temps, qui réduisent l’inflammation et améliorent la micro‑circulation.
Pour les personnes vivant avec un diabète, un objectif glycémique personnalisé avec l’équipe de soin limite la progression des lésions nerveuses. Une activité physique régulière, des repas structurés, une hydratation suffisante et un suivi des pieds (inspection quotidienne, coupe prudente des ongles, hydratation de la peau) réduisent les complications. Signaler rapidement toute plaie ou ampoule évite les infections.