Sentir une odeur de poisson après l’amour peut surprendre et inquiéter. Dans la grande majorité des cas, ce signal olfactif traduit un déséquilibre temporaire de la flore intime ou une affection fréquente et traitable. Comprendre ce qui se passe dans le vagin après un rapport aide à agir vite et sereinement. Voici des repères clairs pour distinguer le normal de l’anormal et retrouver du confort.
💡 À retenir
- Elle survient le plus souvent après un rapport sans préservatif à cause d’une vaginose bactérienne ou d’un pH vaginal plus alcalin. Plus rarement, une IST est en cause.
- Environ 30% des femmes souffrent de vaginose bactérienne à un moment donné de leur vie.
- L’odeur de poisson peut être causée par un déséquilibre du microbiote vaginal.
- Les infections sexuellement transmissibles peuvent également provoquer des changements d’odeur.
Causes de l’odeur de poisson après l’amour
L’odeur de poisson est une senteur forte, piquante, évoquant le poisson ou l’odeur d’un port. Elle apparaît souvent juste après un rapport, surtout sans préservatif, lorsque le sperme rend le pH vaginal plus alcalin. Ce changement de pH réveille des molécules odorantes, les amines volatiles, qui deviennent plus perceptibles. Dans certains cas, l’odeur révèle une infection qui mérite une prise en charge.
Différencier le normal de l’anormal aide à déstresser. Une odeur intime légère, parfois acidulée ou musquée, varie au fil du cycle et n’a rien d’inquiétant. Une odeur de poisson prononcée, persistante sur plusieurs jours, associée à des pertes inhabituelles, des démangeaisons, une sensation de brûlure ou des douleurs pelviennes oriente vers un problème à traiter. Après un rapport sans préservatif, une odeur brève qui disparaît en quelques heures peut simplement refléter ce changement de pH.
Le sperme, le sang des règles, certains lubrifiants ou produits parfumés, ainsi qu’un préservatif ou un tampon oublié peuvent aussi déclencher ou amplifier une odeur de poisson. Un corps étranger retenu dans le vagin donne souvent une odeur très forte avec des pertes abondantes. Dans de rares cas, une condition métabolique appelée triméthylaminurie, responsable d’odeurs corporelles de poisson, peut accentuer l’odeur intime, mais ce scénario reste exceptionnel.
Vaginose bactérienne
La vaginose bactérienne est la cause la plus fréquente de l’odeur de poisson après l’amour. Elle correspond à un déséquilibre du microbiote vaginal, avec une baisse des lactobacilles protecteurs et une augmentation de bactéries anaérobies comme Gardnerella. Résultat, production d’amines volatiles et odeur marquée, souvent plus forte après les rapports ou pendant les règles. Les pertes sont généralement fluides, grisâtres ou blanchâtres, et il y a peu ou pas de démangeaisons.
Ce n’est pas une IST à proprement parler, mais la sexualité influence le risque. Nouveaux partenaires, rapports sans préservatif, douches vaginales et tabagisme sont des facteurs associés. Environ 30% des femmes en souffriront au moins une fois, avec des récidives fréquentes si l’équilibre de la flore n’est pas restauré.
Infections sexuelles
Certaines IST modifient l’odeur. La trichomonase, due au parasite Trichomonas vaginalis, est célèbre pour sa mauvaise odeur, parfois décrite comme franchement poissonneuse, avec des pertes mousseuses jaune-verdâtre, des démangeaisons et des brûlures urinaires. La chlamydia et la gonorrhée peuvent aussi augmenter l’odeur via des pertes plus abondantes, même si l’odeur de poisson est moins typique. Douleurs pelviennes, saignements après les rapports ou fièvre exigent un test et un traitement rapides.
Comment traiter cette odeur

Quand une odeur de poisson survient juste après un rapport sans préservatif et s’atténue en moins de 24 à 48 heures, un simple rééquilibrage peut suffire. Évitez les douches vaginales et les produits parfumés, rincez simplement la vulve à l’eau tiède, et privilégiez des sous-vêtements respirants. Si l’odeur persiste, revient après chaque rapport, s’accompagne de pertes anormales ou d’irritations, prenez rendez-vous pour un bilan.
Un professionnel de santé peut réaliser un examen, mesurer le pH, observer les pertes et prescrire un traitement adapté. Pour la vaginose, les options les plus courantes sont le métronidazole ou la clindamycine, par voie orale ou en gel/crème vaginale. En cas de trichomonase, un traitement systémique s’impose et le ou la partenaire doit aussi être traité pour éviter la réinfection. Les infections comme la gonorrhée ou la chlamydia nécessitent des antibiotiques spécifiques après un test de dépistage.
Si un corps étranger est suspecté, par exemple un tampon oublié ou un préservatif resté coincé, consultez rapidement pour l’extraction. L’odeur s’améliore en général dès le retrait, parfois avec un traitement complémentaire si une irritation ou une vaginose s’est installée.
Des gestes quotidiens peuvent aider le terrain. Un lavage doux de la vulve une fois par jour suffit. Les probiotiques ciblant les lactobacilles, par voie orale ou vaginale, peuvent soutenir l’équilibre, surtout en prévention des récidives, même si les preuves sont encore inégales. Les tests de pH disponibles en pharmacie donnent un indice en cas de doute, mais ne remplacent pas un avis médical lorsqu’il y a symptômes.
Exemples concrets pour s’orienter rapidement
- Odeur légère qui disparaît le lendemain après un rapport sans préservatif. Surveillez, adoptez une hygiène douce, inutile de multiplier les produits.
- Odeur de poisson répétée après chaque rapport, avec pertes fluides grises. Consultez pour dépister une vaginose et recevoir un traitement adapté.
- Mauvaise odeur très forte apparue brusquement, pertes abondantes, doute d’un tampon oublié. Rendez-vous sans attendre pour un retrait.
- Odeur anormale avec démangeaisons intenses, brûlures urinaires ou douleurs pelviennes. Dépistage des IST à réaliser rapidement.
Le couple peut aussi agir. Le préservatif aide à stabiliser le pH vaginal en évitant l’effet alcalinisant du sperme. Pendant un traitement, évitez les rapports non protégés, car certains gels antibiotiques fragilisent les préservatifs. Patientez 48 heures après la fin du traitement local avant de reprendre les rapports pour laisser la muqueuse récupérer.
Prévenir les mauvaises odeurs vaginales
Le vagin s’auto-entretient grâce aux lactobacilles qui produisent de l’acide lactique et maintiennent un pH autour de 3,8 à 4,5. L’objectif est de choyer ce microbiote pour éviter les déséquilibres. En pratique, cela passe par une hygiène simple, des choix de produits doux et une sexualité protégée lorsque l’odeur de poisson a tendance à revenir.
Sur le plan intime, la règle d’or est de ne jamais nettoyer l’intérieur du vagin. Les douches vaginales, les bains moussants parfumés et les sprays désodorisants déséquilibrent la flore. Un rinçage externe avec de l’eau tiède suffit la plupart du temps. Si nécessaire, un savon doux sans parfum et au pH proche de celui de la peau peut être utilisé pour la vulve, pas plus d’une fois par jour.